Le fléau des "adwares" enfin combattu à sa source
Le gouvernement américain vient d'envoyer un avertissement aux éditeurs de logiciels malveillants en frappant le plus gros d'entre eux là où ça fait mal : au portefeuille. La société Zango, connue pour ses installations intempestives d'applications de traçage des habitudes de consommation des internautes sur leur ordinateur, a accepté, le 3 novembre, de payer trois millions de dollars (soit près de 2,36 millions d'euros) au gouvernement américain pour que ce dernier renonce aux actions judiciaires et aux poursuites enclenchées suite aux nombreuses plaintes d'associations et d'internautes.
Créée en 1999, Zango, née de la fusion entre deux géants du adware et du spyware, 180Solutions et Hotbar, emploie plus de deux cents personnes de par le monde. Jusqu'à présent, la société concluait des accords commerciaux avec certains distributeurs et sites de téléchargement pour insérer, dans des logiciels populaires gratuits – comme des économiseurs d'écran, des jeux, des utilitaires ou des logiciels d'échanges de fichiers en P2P –, un petit programme permettant de tracer les habitudes de surf de l'internaute, et ainsi de lui imposer l'ouverture de fenêtres "pop-up" ciblées et intempestives.
Messenger Plus et les "adwares"
Cyril Paciullo, plus connu sous le pseudonyme de "Patchou", vient de faire les frais d'une affaire similaire. Ce développeur français vivant au Canada s'est spécialisé dans l'amélioration de Microsoft Messenger. Et son petit logiciel, appelé Messenger Plus, qu'il a développé seul, s'installe très simplement "en surcouche" du client de Microsoft. Pratique, léger et bien programmé : son succès a été immédiat. A tel point que Microsoft l'a promu début octobre 2006 au titre très envié de Microsoft "Most Valuable Professional" (MVP), la consécration pour un programmeur sous environnement Windows (environ 2 600 personnes dans 81 pays).
Mais lors de l'installation de Messenger Plus, un adware particulièrement tenace peut être installé. Dans les premières versions de Messenger Plus, l'utilisateur n'avait pas vraiment le choix. Il est dans les versions plus récentes prévenu avant installation. La communauté des internautes s'en est offusquée. Microsoft en a convenu, "Patchou" a été déchu de son titre de MVP.
L'installation de ce type de programme appelé "adware" ou "spyware" (publiciels et espiogiciels) se faisait sans consentement de l'utilisateur, souvent à son insu, et même parfois par l'exploitation de failles de sécurité propres au navigateur utilisé.
Outre les trois millions de dollars que Zango s'est engagée à verser au gouvernement, l'accord inclut, d'après la Commission fédérale du commerce (FTC), l'obligation pour la société d'offrir aux consommateurs la diffusion d'un message de mise en garde lors de l'installation et surtout une solution de désinstallation simple du programme. En effet, sans connaissances informatiques, il était quasiment impossible de désinstaller l'adware, qui changeait de nom et d'emplacement, allant jusqu'à prendre des noms similaires aux fichiers systèmes de Windows.
Dans un communiqué publié suite à l'accord, Zango reconnaît sa responsabilité dans l'affaire mais se défend d'avoir agi en violation de la loi. Toujours selon la société, ce sont les sociétés partenaires qui auraient pris trop de liberté avec son programme.
Olivier Dumons
Source : LeMonde.fr
Accueil 
aegc.fr 